mardi 5 juin 2007

Anorexie frigorifique


Bien sûr, le Québec n'est pas le Darfour. Encore moins le Niger, ou la Somalie. N'empêche. Ici même, à Montréal, certains ne mangent pas à leur faim. Des personnes seules, des familles. Des jeunes, des moins jeunes. Avec ou sans travail. Et un frigo vide...

C'est aujourd.hui la Journée nationale de lutte contre la faim. Une journée pour rappeler que certains n'ont pas toujours de beurre à mettre sur leurs pain. Vous vous demandez quoi manger ce soir? D'autres ne savent carrément pas s'ils auront de quoi se mettre sous la dent cette semaine.

Au Québec, on estime que 275 000 personnes, - environ 4% de la population totale -, fréquentent régulièrement les banques alimentaires. Et là, on ne parle pas des gens qui ne vont pas aux banques alimentaires. Les gens qui vivent dans un jeûne perpétuel...

D'après les estimations, les Québécois qui souffrent de faim seraient d'ailleurs bien plus nombreux: 600 000, soit environ 7,5% de la population. Il y a beaucoup de gens qui ne fréquentent pas les banques alimentaires parce qu'ils n'ont pas de moyens de transport, n'ont pas la force, ou trouvent cela trop humiliant. Ce sont des gens qui vivent de petits boulots ou d'aide sociale, et qui se retrouvent, à la fin du mois, le frigo vide.

Dans les banques alimentaires, la clientèle se ressemble d'année en année. On voit principalement des gens sur l'aide sociale, des mères monoparentales, des personnes âgées seules, des sans-abri, mais aussi des gens qui travaillent au salaire minimum qui ne peuvent arriver avec ce simple salaire.

Peu de Québécois réalisent à quel point la pauvreté est à leurs portes. On n'y pense qu'une fois par année, pendant la guignolée des médias. On entend parler de la faim dans le monde toutes les semaines, de la guerre dans le monde toutes les semaines, et la pauvreté au Québec? Une fois par année. Et encore là, on parle de donner, mais pas vraiment de pauvreté. Parce que c'est pas très vendeur, parler de pauvreté…

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